En découvrant sa Cendrillon l’an dernier, j’ai été fascinée par la capacité de synthèse de Thierry Malandain. Sa façon de « faire simple mais efficace», de définir un angle et de la décliner. Que ce soit sur le plan de la mise en scène ou de la chorégraphie, le chorégraphe propose des tableaux très esthétiques et épurés, le tout avec un nombre de danseurs réduits. Ce sont ces mêmes codes que j’ai retrouvés dans sa nouvelle création Marie-Antoinette, commandée par et présentée à l’Opéra Royal de Versailles la semaine dernière. 

Avec ses vingt-deux danseurs, le chorégraphe propose quatorze tableaux présentant des événements fondateurs de la vie de Marie-Antoinette, de ses noces avec Louis XVI en passant par les bals parés, son amour de la mode, la maternité, sa vie à Trianon, jusqu’à la marche des femmes jusqu’à Versailles. Chaque tableau, sur les partitions d’Haydn et  de Gluck, est en lien avec l’Opéra Royal dont la construction a été achevée la veille du mariage de Marie-Antoinette et de Louis XVI. Le rideau s’ouvre ainsi sur le festin royal, le soir même des noces des deux protagonistes. Ce premier tableau donne le ton: ce grand cadre autour duquel sont rassemblés les membres de la famille royale, qui symbolise à la fois la table mais aussi le carcan dans lequel se retrouvent enfermés le couple royal. Le tableau de Persée, une représentation à laquelle assiste Marie-Antoinette et au cours duquel Persée tranche la tête de la méduse évoque également le destin funeste du coupe royal. 

Une fois encore, les décors, les costumes et la chorégraphie se marient parfaitement pour un rendu esthétique et visuel. Le tableau des éventails « La reine du rococo ou mon truc en soie » – marquant l’attrait de Marie-Antoinette pour la mode et les hommes qui lui tournent autour – est très réussi. C’est certainement l’un des plus visuels du ballet, avec en guise de final, les éventails qui entourent et coiffent la reine. La mise en scène du bal paré et ses costumes retiennent aussi l’attention, tout comme le tableau du hameau.

Le ballet réserve aussi de beaux moments de danse, comme le pas de deux entre Louis XV et la Comtesse du Barry (Frédérik Deberdt et Miyuki Kanel), très suggestif et très beau. Les deux danseurs livrent une très belle performance. Le tableau final, marquant l’invasion du palais, est bien pensé, faisant ressortir la panique et l’urgence du moment. 

Un autre point qui m’avait marquée dans Cendrillon était l’énergie dégagée par les danseurs du Malandain Ballet Biarritz. Cette même énergie se retrouve dans Marie-Antoinette. Ce qui contribue à la réussite de chacun des tableaux. Dans le rôle de la reine de France, Claire Lonchampt, altière et solaire, a tout du port d’une reine. Avec subtilité, elle donne vie aux différentes facettes de la personnalité de Marie-Antoinette, tour à tour touchante dans le rôle de la mère ou plus séductrice auprès du conte Fersen. Son partenaire Mickaël Conte donne quant à lui de la profondeur au personnage de Louis XVI. Les deux danseurs forment un joli duo équilibré et la chorégraphie fait ressortir la complexité de leur relation. Parmi le corps de ballet, se détache également la pétillante Patricia Velasquez, repérée dans Cendrillon l’an dernier.

Un ballet à Cette matinée du 31 mars était également l’occasion de découvrir la salle de l’Opéra Royal de Versailles, son joli plafond et ses petits bancs de velours et qui lui donnent un effet « cosy ».  L’avantage de la mise en scène de Thierry Malandain est de s’intégrer dans ce bel écrin. Un spectacle à découvrir. Pour ceux qui l’aurait manqué, le ballet sera à nouveau donné à l’Opéra Royal de Versailles la saison prochaine. En attendant, le Ballet Malandain Biarritz part avec en tournée

 

Claire Lonchampt dans le rôle de Marie-Antoinette

Claire Lonchampt dans le rôle de Marie-Antoinette

 

L'Opéra Royal de Versailles

L’Opéra Royal de Versailles