Retour à l’Opéra Bastille ce vendredi 8 mars pour une nouvelle représentation du Lac des Cygnes de Noureev. En me disant qu’il s’agirait certainement de sa dernière série du Lac, Mathieu Ganio m’a tout de suite motivée pour prendre mes places. Laura Hecquet s’étant blessée, c’est finalement aux côtés de Sae Eun Park qu’il revêtait ce vendredi 8 mars le costume du prince. Un double rôle, qui n’est pas inconnu de la première danseuse, qui l’a déjà dansé en 2015. Autre belle surprise, Jeremy-Loup Quer incarnait quant à lui le précepteur Wolfgang et de Rothbart. Une représentation qui a révélé un trio de haute volée.
Mathieu Ganio joue parfaitement la carte du prince romantique. Le danseur a l’expérience du rôle. Avec son physique de prince romantique et sa danse noble et élégante, il est naturellement prédisposé à incarner Siegfried. Dans les scènes du premier acte, il est rêveur et peu préoccupé par ce qu’il se passe sur scène. Il faut alors compter sur l’autoritaire précepteur Wolfgang de Jérémy-Loup Quer pour le mettre au pas. Autour de lui, les danseurs du ballet, virevoltent au son de la valse. Et le pas de trois est l’occasion d’admirer Marine Ganio, superbe dans sa variation (quels sauts) et dans la coda (jolies cabrioles !).
Le danseur Etoile nous gratifie de beaux moments de danse et d’une variation lente toute en nuances. Une belle introspection dans l’univers de ce prince. Le précepteur profite de ces faiblesses pour prendre le dessus. Un rapport de force très perceptible dans le pas de deux qui clôture le premier acte. Jérémy-Loup Quer a une façon de passer sa main dans la nuque du danseur, qui ne lui laisse pas le choix de le suivre.
Le Prince se retrouve alors dans la forêt avec son arbalète, jusqu’à l’apparition du cygne blanc. Sae Eun Park, bien connue pour ses qualités de technicienne, révèle sur cette série un beau travail sur le plan de l’interprétation. Elle apporte plus de nuances à son personnage. On pouvait se demander ce qu’allait donner le partenariat (inédit pour rappel) entre Sae Eun Park et Mathieu Ganio. Mais on est vite pris par l’histoire que racontent les deux personnages. Ils ont réussi à créer une belle alchimie.
L’adage du deuxième acte est un très beau moment poétique. En particulier, lorsque le Prince, lassé de retenir Odette se détourne, et que cette dernière fait marche arrière et vient se blottir dans ses bras. Le tout agrémenté de belles variations et d’un quatuor de petits cygnes (avec une certaine Bianca Scudamore) et de grands cygnes en harmonie. Et sans oublier un corps de ballet réglé au millimètre près.

Mathieu Ganio, Sae Eun Park et Jérémy-Loup Quer. Un très beau trio pour porter le Lac des Cygnes du 8 mars
Après les danses nationales du début du troisième acte qui permettent de découvrir la pétillante Bianca Scudamore dans les Czardas et de retourner l’allégresse de Marine Ganio dans la Napolitaine. Le pas de trois élève encore le niveau de cette représentation. Sae Eun Park est stupéfiante en Odile. Sa série de fouettés, qui débute par une succession de doubles fouettés, restera dans les annales. La danseuse forme un duo maléfique avec Jérémy-Loup Quer, incisif dans sa variation et dont les bruissements de cape rappellent une répétition publique. Tous deux mènent le prince, totalement crédule, par le bout du nez. Entre les variations impeccables de Mathieu Ganio, la suprématie d’Odile et la vélocité de Jeremy-Loup Quer, ils forment un superbe trio.
Et Jérémy-Loup Quer ne lâchera rien jusqu’au quatrième acte, après un dernier pas de deux du désespoir entre Odette et Siegfried, Rothbart vient arracher le cygne blanc des bras du prince. Quant à Mathieu Ganio, on espère secrètement que ce ne sera pas son dernier Siegfried. Mais après tout, il avait déjà dit ça lors de la dernière reprise…
Ce trio sera à nouveau en scène le lundi 11 mars.