La fin de cette année 2018 est marquée par le départ du danseur Étoile Karl Paquette. Ce dernier fera ses adieux à la scène dans Cendrillon de Noureev le 31 décembre 2018. L’occasion de faire une rétrospective des ballets ou souvenirs de spectatrice qui m’ont marquée avec ce danseur.
Car il ne s’agit pas de n’importe quel départ en retraite. Karl Paquette a conquis le cœur de nombreux balletomanes : l’Étoile incarne la sympathie, la bienveillance à l’égard de ses partenaires – « Karl n’est pas le plus mauvais des partenaires », disait une fois lors d’une rencontre Laurent Hilaire – et une dévotion à son art qu’est la danse. Comme beaucoup, c’est certainement l’un des danseurs que j’ai le plus vu en scène, et surtout dans les grands classiques qu’il a dansés jusqu’au bout de sa carrière.
Le Lac des Cygnes. S’il fallait ne retenir qu’un rôle avec Karl Paquette, ce serait Rothbart. Rôle immortalisé dans le dvd de 2005 avec Agnès Letestu et José Martinez dans les rôles titres. Karl Paquette est certainement le danseur qui a le plus dansé ce rôle. Et il est encore difficile d’imaginer une série de Lac sans lui. Souvenirs de la représentation de décembre 2016 avec Myriam Ould Braham et Mathias Heymann en 2016. Malheureusement, je n’ai jamais eu l’occasion de découvrir son Siegfried.
Casse-Noisette forcément… pour ses nombreuses apparitions dans la danse arabe au deuxième acte, aux côtés de Stéphanie Romberg. Mais également sa nomination. C’était le 31 décembre 2009 avec Dorothée Gilbert et les bruits de couloir qui circulaient depuis quelques jours nous avaient poussés à faire la queue pour des places de dernière minute. Souvenirs également d’une coupe de champagne sur la scène de Bastille.

La photo sombre mais collecter de la nomination d’Etoile de Karl Paquette le 31 décembre 2009 dans Casse-Noisette (avec Dorothée Gilbert en Clara).
La Bayadère, en 2010, avec Clairemarie Osta en Nikiya. Karl Paquette incarnait Solor et Emilie Cozette était Gamzatti. J’ai encore une image du cambré de l’Étoile masculine à la fin de la variation du deuxième acte. Mais aussi une image au troisième acte des ports de bras de Clairemarie Osta.
Giselle en 2009 avec Delphine Moussin. Karl Paquette faisait alors sa prise de rôle en Albrecht. Le deuxième acte (dont l’adage) était sublime. Mais aussi sa façon de mettre en valeur ses ballerines
Don Quichotte. L’an dernier, son dernier Basilio, lors de la série 2016. Car Karl Paquette, c’est aussi l’une des rares Étoiles à danser les grands rôles du répertoire classique jusqu’au bout. C’est lors de cette série que Valentine Colasante a été nommée. Un beau passage de témoin. C’est elle qui sera sa Cendrillon pour ses adieux. Mais souvenir également d’un DQ avec Dorothée Gilbert.
La Dame aux Camélias. On ne peut parler du ballet phare de John Neumeier sans penser à Karl Paquette en Gaston Rieux et à sa variation de la cravache. Avec Dorothée Gilbert en Prudence, ils formaient un tandem de choc ! Le danseur a également interprété le rôle d’Armand avec Delphine Moussin, belle Marguerite, mais aussi avec isabelle Ciaravola en 2013.
Roméo et Juliette. En Tybalt et en Roméo avec Isabelle Ciaravola…
Raymonda. Abderam, puis Jean de Brienne, encore un peu d’Abderam et à nouveau Jean de Brienne… Voilà comment on pourrait résumer cette série de décembre 2008.
Boléro. Pas sur la table mais aux côtés de Nicolas Le Riche. Moment intense lors des adieux à la scène de l’Étoile en juillet 2014.

Karl Paquette (à droite) et Josua Hoffalt (à gauche) après le dernier Boléro de Nicolas Le Riche le 9 juillet 2014. Karl Paquette a expliqué dans plusieurs interviews qu’il considérait Nicolas Le Riche comme l’un de ses modèles.
Onéguine. Le prince Grémine bien évidemment, aux côtés d’Aurélie Dupont, mais aussi d’Isabelle Ciaravola lors des adieux à la scène de cette dernière.
Les Enfants du Paradis. Frédérick Lemaître et la scène dans le grand escalier de l’Opéra avec Charlotte Ranson en Desdémone, mais aussi avec Miteki Kudo.
Coppélia. Une jolie représentation au Palais Garnier en 2011 aux côtés de Nolwenn Daniel.
Cendrillon. L’acteur vedette avec Emilie Cozette en 2011. Un ballet que je n’avais pas su apprécier à l’époque.
La Source. Dans le rôle de Djémil avec la délicate Ludmila Pagliero.
Les ballets de Jerome Robbins. Karl Paquette est aussi un bel interprète du chorégraphe américain. L’occasion de mettre une fois de plus en avant ses qualités de partenaire : Dances at a gathering, Les Variations Goldberg… Notamment avec Ludmila Pagliero. Et plus récemment en marin dans Fancy Free.
Mais aussi Balanchine… aussi bien dans les ballets en noir et blanc (Les quatre tempéraments, Agon…) que dans Duo Concertant ou le quatrième mouvement de Brahms-Schönberg Quartet avec Laura Hecquet.
Un autre talent de Karl Paquette est de mettre en lumière les jeunes talents, à l’instar du gala Karl Paquette & Co, qui a révélé au public deux jeunes recrues et deux futurs talents de la compagnie : Sae Eun Park et Hugo Marchand. Et chose logique, il devrait poursuivre sa carrière dans l’enseignement de la danse…
Bravo à lui pour cette belle carrière et merci pour ces beaux moments en scène. Que ceux qui seront à Bastille ce soir l’applaudisse bien fort !
En attendant, un portrait lui est consacré sur le site de l’Opéra de Paris. À lire également, une intéressante interview de Danses avec la plume (sans oublier le calendrier de l’avent qui lui est dédié).
Les adieux seront également diffusés sur Arte (après le gala anniversaire des 350 ans de l’Opéra) à partir de 22 heures ce lundi 31 décembre.