Pendant les travaux au Théâtre au Châtelet, les Etés de la danse se sont délocalisés à La Seine Musicale à l’Ouest de Paris. Cette quatorzième édition du festival rend hommage au chorégraphe Jérôme Robbins, dont on fête en 2018 le centenaire de la naissance. Deux bonnes raisons de se déplacer : la programmation et le florilège de compagnies invitées. Une affiche prestigieuse rassemblant les grandes compagnies américaines comme le New York City Ballet et le Joffrey Ballet pour le premier programme. Le programme n°2 (du vendredi 28 juin au samedi 30 juin) marquait quant à lui le retour du Miami City Ballet à Paris, ainsi que les venues du Pacific Northwest Ballet et du Perm Opera Ballet.
La soirée débutait avec le romantique et célèbre In the Night, dans une ambiance presque intimiste. La salle loin étant d’être remplie, les spectateurs ont été replacés et regroupés au centre. Souvent donné sur la scène parisienne, ce ballet est l’un des petits bijoux de Robbins, au cours duquel trois couples, à des stades différents de la vie, se rencontrent, se croisent et s’entrecroisent. Les danseurs du Miami City Ballet, que le public parisien avait déjà eu l’occasion d’applaudir en 2011, apportent à ce ballet d’autres nuances par rapport à ce que le public parisien est habitué à voir. Le rapport entre le danseur et sa partenaire est différent. Dans le premier pas de deux, Emily Bromberg semble échapper à Jovani Furlan. De même, Tricia Albertson et Rainer Krenstetter, qui incarnent le déjà couple bien installé, apportent plus de nuances au deuxième pas de deux. Celui-ci tisse le lien avec le dernier pas de deux, plus passionné, où Katia Carranza se jette corps et âme dans les bras de son partenaire, avant de s’enfuir et d’y revenir. La dernière partie sur la Nocturne Opus 9, numéro 2 pour piano est un pur moment de poésie.
Les danseurs du Miami City Ballet revenaient pour le pas de deux d’Other Dances, une autre oeuvre majeure de Robbins sur la partition de Chopin, créée à l’origine pour les grands Makarova et Baryschnikov. Complices et espiègles, Simone Messmer et Renan Cerdeiro nous ont entraînés dans ce joli dialogue, qui fait autant appel à la technique et au jeu de scène. Un délicieux moment.
Le Pacific Northwest Ballet est de son côté venu de Seattle. Avant d’entamer une semaine supplémentaire de résidence à la Seine musicale, la compagnie présentait The Dreamer. Le public parisien avait pu découvrir lors de l’ouverture de la saison 2015/2016. Vendredi soir, j’ai eu le sentiment de redécouvrir ce ballet, mais aussi de mieux cerner le personnage de ce « rêveur ». Le rôle était interprété par Lucien Postlewaite aux côtés de Noelani Pantastico, qui joue le rôle de la femme. Elle est presque ensorcelante, comme une présence qui vient le hanter. Globalement, la danse semble plus habitée et plus en accord avec la partition de Prokofiev. Une redécouverte!
La soirée se terminait avec The Four Seasons et le Perm Opera Ballet. L’occasion de découvrir enfin ce ballet dans son intégralité. Il faut dire que les variations du printemps et de l’automne font partie des « best-seller » du Concours de promotion. Sur la partition de Verdi, les quatre saisons se succèdent : les frissons hivernaux, la fraîcheur du printemps, la langueur de l’été avant une dernière bacchanale automnale menée par un satyre malicieux (Taras Tovstyuk). Inna Bilash est aérienne et primesautière dans la variation du printemps, tandis que Polina Bouldakova est impériale dans la variation de l’automne aux côtés de son partenaire Nikita Chetverikov. Le Perm Opera Ballet conclut avec brio cette belle soirée d’hommage.
Les Étés de la danse se poursuivent jusqu’au 7 juillet. Des tarifs intéressants sont à saisir sur le site de la Fnac. Le replacement est garanti.