Le Malandain Ballet Biarritz était l’invité de l’Opéra de Rennes pour le passage de la nouvelle année. La compagnie présentait Cendrillon dans la chorégraphie du directeur de la compagnie, Thierry Malandain. Le ballet a été créé en 2013 à l’Opéra Royal de Versailles.

Cette programmation marquait le retour de la danse à l’Opéra de Rennes, lieu majoritairement dédié au lyrique et aux concerts. J’étais curieuse de voir des danseurs évoluer dans l’écrin de ce théâtre  dans lequel j’ai déjà eu l’occasion de voir quelques spectacles  (La Traviata, Carmen, ou encore un concert introduisant le Roméo et Juliette de Gounod). À chaque fois, je me demandais ce que donnerait un ballet tout en repensant aux propos d’un danseur qui me racontait un jour les difficultés d’adapter certaines chorégraphies sur des scènes peu profondes.

La Cendrillon de Thierry Malandain semble s’être accordée à merveille avec le bâtiment de Charles Millardet. Le décor, épuré et résolument moderne – constitué d’escarpins suspendus éclairés par une lumière bleutée – s’intègre très bien dans l’espace. Il en est de même pour la mise en scène et la chorégraphie. Le conte de Perrault est ici raconté en 1h30, deux actes qui s’enchaînent sans entracte. Ce sont les elfes et sylphes guidés par la Fée, qui veillent sur celle qu’on surnomme aussi parfois la petite souillon.

De manière générale, le ballet Cendrillon ne fait pas partie de mes préférés. Il faut dire que la version Noureev au répertoire du ballet de l’Opéra de Paris, qui projette le conte dans le cinéma d’Hollywood, a particulièrement mal vieilli. J’aime beaucoup la relecture et le parti pris de Thierry Malandain. La chorégraphie est intéressante et incisive. Elle suit le rythme partition de Prokofiev. Lorsqu’elle est dévouée aux tâches ménagères, Cendrillon est plus ancrée dans le sol. Les mouvements sont ensuite plus aériens lorsqu’elle se prend à rêver de son père et du prince. Patricia Velasquez s’accorde à merveille avec le personnage. Le quatuor du premier acte entre Cendrillon, son père, le prince et la fée est très poétique. Mention spéciale également pour la danseuse qui interprète le rôle de la Fée, Claire Lonchampt à la silhouette longiligne.

Certains passages font sourire, comme le cours de danse, où le professeur tente désespérément d’apprendre quelques mouvements de bases aux belles-sœurs. D’autres poétiques, lorsque les sylphes déboulent et tourbillonnent autour du Prince ou de Cendrillon. Le bal, avec les mannequins sans tête vêtus de longues robes noires, est aussi bien pensé et renforce le côté épuré de la mise en scène. Dans la même lignée, les costumes sont simples (tuniques de couleur chair ou ensemble pantalon-veste pour le bal) et permettent une amplitude des mouvements. Seule la marâtre et ses deux filles sont engoncées dans leurs robes noires. Les trois rôles sont interprétés par des hommes (à l’instar de la marâtre dans la version Noureev). Ce contraste fait ressortir le côté maladroit, empoté et mesquin du trio.

Une jolie soirée pour débuter l’année. Espérons que l’Opéra de Rennes réitérera l’expérience pour ses futures programmations ! Il faut bien avouer que voir un spectacle dans des petites salles a un certain charme et que cela fait du bien de se dispenser de jumelles de temps en temps.

 

La charmante salle de l’Opéra de Rennes