Depuis plusieurs saisons, il faut aller en dehors du Palais Garnier et de Bastille pour voir du Roland Petit. Le ballet de l’Opéra de Lyon présentait du 18 au 24 novembre une soirée dédiée au chorégraphe disparu en 2011. À l’affiche deux de ses ballets emblématiques : Carmen et l’Arlésienne. Par chance, un déplacement professionnel dans la ville lumère m’a permis d’y assister le 21 novembre dernier.

L’occasion de découvrir cette compagnie d’une trentaine de danseurs menée par Yorgos Loukos, ancien assistant du chorégraphe aux Ballets de Marseille. C’est pour lui rendre hommage que le directeur du ballet a monté cette soirée.

Le dénominateur commun des deux ballets présentés est la partition de Bizet. Autre similitude, Roland Petit les a chorégraphiés d’une traite. La soirée s’ouvrait avec l’Arlésienne, dont la création remonte à 1974, soit 25 ans après Carmen. Dans un décor évoquant la provence de Daudet, Frederi est hanté par la volage Arlésienne. Il décide d’épouser la douce Vivette mais celle-ci ne parviendra pas à lui changer les idées et à éloigner cette ombre qui plane au dessus de lui.

Pris de folie, le jeune homme termine le ballet dans un célèbre solo qui le pousse à se jeter de la fenêtre du grenier. Dans le rôle principal, Tyler Galster tient le spectateur en haleine jusqu’à l’ultime manège. Dommage que l’absence d’orchestre atténue un peu l’intensité de la scène.

Une Carmen de haute volée

Après l’entracte, place aux toréadors et aux amours de Don José et de Carmen. Avec ses couleurs criardes, ses corsets et ses perruques un peu datés, le ballet inspiré de la nouvelle de Mérimée plait toujours autant. J’aime l’ambiance qui s’en dégage, la variation de la taverne, le solo de Don José ou encore le pas de deux de la chambre. Dans les années d’après-guerre, le ballet a propulsé Zizi Jeanmaire, créatrice du rôle, sur le devant de la scène. À Lyon, il m’aura permis de découvrir Noëllie Conjeaud. La danseuse marque par ses talents d’interprète et sa présence scénique. Elle impressionne par son répondant face au Don José d’Edi Blloshmi. Femme fatale, sa Carmen est entière.

Le pas de deux de la chambre au cours duquel Carmen et Don José se retrouvent est passionné et violent. Un très beau couple, intense, qui nous fait revivre cette histoire si célèbre. Mention spéciale également au chef des bandits Raul Serrano Nunez pour son énergie en scène et à Elsa Monguillot de Mirman, dans le rôle de la femme bandit, brillante également.
N’oublions pas de mentionner le toréador Giacomo Luci et son costume caricatural qui prête toujours à sourire.

Au final, une soirée réussie marquée par un « shot » de Roland Petit et une belle découverte de cette compagnie, qui possède un beau corps de ballet. Amélie de Danses avec la Plume me souffle qu’une soirée Kyllian se prépare en avril (avec Petite Mort qui plus est). C’est tentant…