Les fins de week-end riment souvent avec mélancolie, pas celles en compagnie de François Alu et des danseurs de 3ème étage ! Dimanche 8 octobre, les balletomanes s’étaient donnés rendez-vous au Théâtre Antoine pour Hors Cadre qui met à l’affiche le Premier danseur de l’Opéra. Un spectacle monté avec Samuel Murez, créateur du groupe de danseurs en 2004.

Comme son titre l’indique, Hors cadre est l’occasion de sortir de la quête absolue de la perfection et de transgresser les règles, qui ont été codifiées par Louis XIV il y a plus de 300 ans. Mêlant théâtre et danse, le spectacle reprend des pièces phares de 3ème étage, créées par Samuel Murez, qui se distinguent par leur poésie et leur réflexion sur la société et la place du ballet aujourd’hui. François Alu mène la danse, bien entouré par Lydie Vareilhes, Clémence Gross, Takeru Coste, Hugo Vigliotti et Simon Le Borgne qui sont loin de rester au second plan. Le spectacle s’ouvre ainsi avec Premier Cauchemar qui avait été présenté lors des soirées Danseurs Chorégraphes et dans le spectacle Désordres. c’est avec plaisir que l’on a revu également le Me2 (2006), performance où deux jumeaux se structurent et se déstructurent. Sans oublier ce duo après l’entracte, qui met en scène Clémence Gross et Takeru Coste, avec en fond les commentaires de la régie (et les allusions au bon coup de fourchette de François Alu). Sans oublier le trio Alu-Vigliotti-Le Borgne, princes d’un soir, se mesurant les uns aux autres à coup de sauts et de pirouettes, toujours dans la bonne humeur.

D’autres tableaux s’y insèrent, bien orchestrés, mêlant toujours poésie et autodérision. Certains font un clin d’oeil à l’Opéra comme celui du concours de promotion et de sa célèbre (et non regrettée) « petite clochette ». François Alu s’avance avant d’enchaîner sur la variation de Basilio, extraite de Don Quichotte, dans la version « PAS Noureev » (on le précise!). Une raison d’admirer les sauts et pirouettes fulgurantes dont François Alu a le secret (et de regretter encore une fois son absence des pré-distributions mais là n’est pas le sujet). La version « fromage » (comprenez version « plus qu’approximative » en langage danseur) aura également marqué les esprits avec ces réceptions et pirouettes plus que laborieuses mais qui auront tellement fait rire le public. Le sketch sur le chorégraphe en vogue (avec l’excellente interprétation de Lydie Vareilhes), jamais disponible pour les danseurs mais uniquement pour les réseaux sociaux, et faisant directement référence à Benjamin Millepied en aura fait sourire plus d’un, évoquant directement « Virginia » et « le docu en préparation » (souvenir d’une soirée de décembre sur Canal+…). Le solo sur Vivaldi aura donné un avant-goût de la reprise de The Season’s Canon.

Une vraie réflexion sur la profession

Au delà des sketchs qui se succèdent toujours humour, le spectacle est une vraie réflexion sur la danse classique et son cadre rigide et sur la profession de danseur. Illustration avec ce texte mimé évoquant le côté narcissique de la discipline. Et finalement, qui dans lors de son cours de danse cette semaine n’aura pas pensé le temps d’un exercice au neuf qui « N’EXISTE PAS!! », tout en entendant  le « quaaaatre » inoubliable d’Hugo Vigliotti. C’est toujours un plaisir de voir ce groupe et de sentir les personnalités des danseurs s’exprimer, chacun avec leur sensibilité. Une parenthèse bien rythmée et spectacle qui vous fait faire le plein d’énergie !

Bravo à François Alu et aux danseurs.