Outre les adieux de Laetitia Pujol, la représentation du samedi 23 septembre marquait la rentrée du ballet de l’Opéra de Paris. Un début de saison placé sous le signe des pierres précieuses avec la reprise de Joyaux de George Balanchine. Pour cette soirée, Émeraudes, Rubis et Diamants se sont enchaînés pour laisser place au deuxième acte au pas de deux émouvant de Sylvia de Neumerier, réunissant Laetitia Pujol et Manuel Legris avant de se clôturer par le Défilé annuel. Un « one shot » qui n’a pas perturbé les balletomanes, pour la plupart en manque de danse depuis deux mois.

Alice Renavand, Paul Marque et Léonore Baulac aux saluts de Rubis

En créant Joyaux, George Balanchine s’est inspiré de son amour des pierres précieuses attribuant un ballet à une école de danse en particulier. Émeraudes évoque le raffinement et l’élégance de l’école française. Un ballet que les danseurs avaient dans les jambes puisqu’ils l’ont dansé à New-York en juillet dernier pour marquer les cinquante ans du triptyque, réalisant ainsi le rêve du chorégraphe. Laetitia Pujol y faisait sa dernière apparition, apportant toujours sa touche personnelle à la variation de la fileuse, aux côtés d’un Mathieu Ganio, élégant et musical. Cette distribution met,également à  l’honneur Hannah O´Neill, Sae Eun Park et Artus Raveau. Un trio de haute volée qui se démarque par sa belle musicalité.

La deuxième partie, Rubis, fait écho à la danse américaine et aux rythmes jazzy de Broadway. Balanchine a choisi ici le Capriiccio pour piano et orchestre de Stravinsky. Samedi soir, ce ballet est resté trop sage et a manqué du peps et de l’humour qui le caractérise. Paul Marque, remplaçant Mathias Heymann blessé, y fait des débuts très prometteurs. Dommage qu’il manque ce lâcher-prise à sa partenaire Léonore Baulac pour se laisser complètement  aller et nous entraîner dans cette ronde dansante. Dans le rôle de la grande, Alice Renavand trouve sa place, même s’il est difficile d’oublier l’image souveraine de Marie-Agnes Gillot à cette même place.

Diamants, le succès de Hugo Marchand

Hommage au ballet impérial russe et à la période des grands ballets de Petipa, Diamants clôture le triptyque sur la partition de Tchaïkovsky. Le lever de rideau sur les tutus blancs fait toujours son effet. Le pas de deux était interprété par les Étoiles Amandine Albisson et Hugo Marchand. C’est l’une des rares fois depuis sa nomination que la danseuse est associée à un partenaire plus jeune. Un duo qui fonctionne bien. Les deux danseurs ont offert un très beau moment. Une agréable surprise pour cette danseuse, qui malgré une très belle technique, ne convainc pas toujours pas son interprétation. Amandine Albisson danse « à la Balanchine », résultat d’un bon coaching sans aucune doute. À ses côtés, Hugo Marchand est un partenaire solide qui brille dans chacun de ses passages en solo. Le danseur aura réveillé la salle, le public ne cessant de l’applaudir à chacune de ses apparitions.

Amandine Albisson et Hugo Marchand

La représentation s’est achevée avec le défilé annuel du ballet et de l’école de danse, parade solennelle, qui marque la rentrée balletomane. Contexte oblige, Laetitia Pujol a reçu une belle ovation, à l’instar de Marie-Agnès Gillot, qui, les larmes aux yeux, arborait également le diadème pour la dernière fois. N’oublions pas Myriam Ould Braham, Ludmila Pagliero, Karl Paquette et Mathieu Ganio qui ont également été très applaudis. Parmi les récentes étoiles, Hugo Marchand a obtenu un franc succès. Preuve que la relève est bien là!