Il n’y a pas de répétitions plus intéressantes que celles commentées par le chorégraphe en personne. C’était le cas hier après-midi pour cette rencontre autour de la Sylphide qui réunissait les jeunes Étoiles Léonore Baulac et Germain Louvet autour de Clothilde Vayer et de Pierre Lacotte. Personnalité fascinante, amoureux de la danse, véritable puits de science, l’intarissable chorégraphe a tellement d’anecdotes à nous faire partager, que l’on pourrait l’écouter des heures. C’est dans les années 1970 qu’après des années de recherche, il remonte le ballet, qui avait complètement disparu du répertoire de l’Opéra. Comme il nous le rappelle, la Sylphide a inauguré l’ère du ballet romantique. À partir de 1832, année de sa création, la danse est devenue plus qu’un simple divertissement dans les troisièmes actes des opéras mais une véritable soirée complète. C’est aussi à ce moment que cet art n’était plus là que pour « faire joli » mais pour susciter l’émotion. Le chorégraphe nous parle également de Marie Taglioni, créatrice du rôle, première danseuse à s’élever sur les pointes avec grâce -et non en force-, donnant cette illusion d’apesanteur. Un enseignement qu’elle avait reçu chez Jean-François Coulon à Paris. Après cette introduction, les danseurs nous ont montré différents extraits du deuxième acte. Germain Louvet, vêtu du kilt de James, et Léonore Baulac, arborant le corset de la Sylphide, l’obligeant à pencher délicatement le buste en avant, débutent par l’entrée du second acte. Suivent l’adage, et la fin du ballet, lorsque James attrape la Sylphide avec le voile que lui a donné la sorcière, et que l’être surnaturel perd ses ailes et s’éteint. Pierre Lacotte et Clothilde Vayer veillent aux ports de bras (et aux bras croisés devant le buste si caractéristiques de la Sylphide), aux intentions et aux descentes de pointes qui doivent être retenues pour renforcer le côté immatériel.
Peut-être que l’on aura moins vu de passage décortiqué mais peu importe, c’était un très beau moment de transmission. Les deux danseurs forment un duo attachant. Léonore Baulac y est délicate et semble déjà très à l’aise dans la pantomime. Quant à Germain Louvet, cette introduction donne envie d’en voir plus, le sol de l’amphithéâtre étant trop dur pour les sauts très présents dans les variations de James au deuxième acte.

La séance de travail (finalement plus courte que prévue) s’est achevée par une session de questions/réponses. L’occasion de lever l’un des mystères du ballet : comment les ailes de la Sylphide tombent-elles? Clothilde Vayer, explique qu’avant sa dernière entrée la Sylphide change de corset. Celui-ci intègre un petit fil qui enclenche un mécanisme pour faire tomber les ailes. Cette dernière rencontre de la saison s’achèvera sur cette anecdote.

Léonore Baulac et Germain Louvet sous le regard bienveillant de Pierre Lacotte

Léonore Baulac et Germain Louvet danseront les rôle-titres  les 9 et 15 juillet prochains.