Les répétitions de Roméo et Juliette commencent tout juste. Léonore Baulac et Germain Louvet, sous la tutelle de Clothilde Vayer, nous ont donné un avant-goût hier après-midi à l’amphithéâtre Bastille de l’un des ballets les plus « contemporains » de Rudolf Noureev.
Pour commencer, Clothilde Vayer rappelle le contexte dans lequel le ballet a été imaginé par Noureev. Roméo et Juliette a été créé en 1979, avec notamment Patricia Ruanne dans le rôle de Juliette (venue aider pour les répétitions). A cette période, Noureev vient de tourner le film Valentino, ce qui explique que le ballet soit axé sur l’aspect cinématographique avec de nombreux ralentis ou encore des scènes qui traduisent les pensées de Juliette (comme la scène du poison où l’on voit le double du personnage avaler le poison et tomber dans un profond sommeil). Le chorégraphe a composé une Juliette plus forte et téméraire, et un Roméo « qui subit » et joue le registre de l’amoureux transi. « Nous sommes à l’époque de la renaissance italienne, à l’époque du sexe et de la violence. Roméo est plus habitué à cette atmosphère, alors que Juliette a toujours été plus préservée », rappelle Clothilde Vayer. La scène du balcon, qui symbolise le début de l’alchimie entre les deux protagonistes, illustre ce rapport entre les personnages. « Juliette est toujours placée au dessus de Roméo de façon à faire ressortir l’idée qu’elle est plus forte », ajoute-t-elle.
C’est par cette scène du balcon que commence la séance de travail, qui rappellerait presque les répétitions publiques sous l’ère Lefèvre. Entre deux corrections, Clothilde Vayer nous apprend que Noureev a créé ce pas de deux sur le personnage de Tybalt, car il fallait un grand danseur pour faire voler Juliette dans les airs. Le pas de deux du bal a été créé sur le personnage de Mercutio et celui du troisième acte sur Benvolio. Les deux danseurs, qui vont aborder pour la première fois lors de cette série les rôles principaux, s’élancent dans ce long pas de deux tout au long duquel la maîtresse de ballet apporte les corrections, toujours avec une pointe d’humour. Clothilde Vayer insiste sur les regards et la connexion entre les deux personnages, Roméo devant toujours avoir les yeux posés sur Juliette. Elle attire l’attention des deux partenaires sur leur synchronisation dans le carré des arabesques. Les danseurs expliquent qu’ils font des exercices sur le poids du corps pour éviter que le pas de deux soit trop fatiguant. Ils travaillent également les décalés, marque de fabrique de ce ballet, tout en prenant garde à respecter la musicalité. Les passages de pantomime sont explicités lorsque Roméo jure sur la lune son amour pour Juliette et qu’elle l’arrête tout de suite (« pauvre idiot ! »), lui demandant de jurer non pas sur la lune mais sur son cœur. Les danseurs enchaînent ensuite le passage dit de « la voie lactée ». Ce moment, où les danseurs enchaînent les grand jetés, signifie que dans n’importe quelle constellation du monde, ils retrouveront leur étoile. Après les jetés on retrouve une influence cinématographique avec les pas à la Ginger Rogers.
La répétition se poursuit avec le pas de deux du bal où se rencontrent pour la première fois Roméo et Juliette. Les deux protagonistes se jaugent, l’attirance physique est là. Le personnage de Juliette, élevé auprès de son cousin Tybalt est plus garçon manqué, volontaire et plus téméraire, et c’est ce qui va séduire Roméo. Les danseurs répètent le début du pas de deux, où Juliette mène la danse et fait littéralement une prise à Roméo que Clothilde Vayer lui demande de ne pas anticiper. Pas le temps de répéter la variation de Roméo, c’est la fin de la répétition. En conclusion, Clothilde Vayer souligne qu’il est très agréable de répéter avec des jeunes gens qui ont du talent.
Léonore Baulac et Germain Louvet interpréteront les rôles titres les 29 mars et 1er avril.
1 Pingback