Comment se déroule le processus de création? Tel était le programme de cette rencontre dédiée à la création de Benjamin Millepied intitulée La Nuit s’achève qui vient s’intercaler dans le programme Bel/Robbins présenté dès le 5 février prochain. Si le directeur de la danse a opté pour l’Appassionata de Beethoven, c’est loin d’être un hasard. « C’est une sonate que j’écoute depuis l’âge de 16 ans. Cela fait 22 ans que je veux chorégraphier sur cette partition monumentale », explique-t-il en préambule de la répétition. Et finalement après la légère déception de ne pas découvrir un extrait des variations Goldberg de Jérôme Robbins, cette répétition publique s’avère très intéressante et Benjamin Millepied toujours aussi à son aise, laissant un temps au public pour poser des questions. Il insiste à nouveau sur le rapport entre le chorégraphe et la musique pour définir l’atmosphère et l’ambiance d’une pièce. Il fait référence à Balanchine qui a chorégraphié avec le style qui était le sien des ballets totalement différents comme Les quatre tempéraments ou Stars and Stripes.
Amandine Albisson, Sae Eun Park et Ida Viikinkoski
Benjamin Millepied confie qu’il s’est beaucoup interrogé sur la structure de cette œuvre, complexe et difficile. Il a finalement choisi de faire danser trois couples qui évolueront dans un décor rappelant un salon, avec en fond une toile opaque et trois ouvertures leur permettant d’aller et venir en scène. Des protagonistes qui danseront de la tombée de la nuit jusqu’au lever du jour. Un ballet sans narration qui laisse au public s’imaginer son propre scénario. Côté technique, Benjamin Millepied précise d’emblée que le ballet est extrêmement difficile physiquement pour les danseurs. Il aborde aussi comment il a construit la chorégraphie : « Le premier mouvement est sur pointes, le second sur demi-pointe pour amener une gestuelle différente et éviter que les premier et troisième mouvements ne se ressemblent de trop », explique-t-il.
Amandine Albisson et Hervé Moreau
Pour nous montrer quelques extraits, Benjamin Millepied convie Amandine Albisson, Hervé Moreau, Ida Viikinkoski, Jérémy-Loup Quer, Sae Eun Park et Marc Moreau. La maîtresse de ballet Janie Taylor l’assiste pour cette répétition. Les danseurs commencent par leur entrée en scène où ils se présentent un par un. « J’aime l’idée que le public fixe les visages », souligne Benjamin Millepied. Il insiste ensuite sur le travail des transitions dans un ballet, les pas de deux étant pour lui plus évidents à chorégraphier. Il parle aussi de l’importance des moments de suspension et des changements de rythme dans la chorégraphie. Sae Eun Park et Marc Moreau dansent ensuite un extrait du premier pas de deux, où l’on découvre de jolis portésn suivi de plusieurs extraits où l’on voit les trois filles, puis tous les couples mélangés. A chaque étape, le chorégraphe poursuit le processus de création. Il modifie un port de bras à un endroit, ajoute un mouvement de tête à un autre en insistant toujours sur les intentions. Le cadeau de la fin est sans conteste le pas de deux interprété avec passion et intensité par Amandine Albisson et Hervé Moreau. Un duo que l’on a hâte de retrouver en scène.
Janie Taylor et Benjamin Millepied
24 janvier 2016 at 17 h 21 min
J’ai été très déçue de ne pas voir des extraits des Variations Goldberg qui étaient prévues initialement. On nous a imposé pour ne pas dire infligé pour la nième fois une création Millepied. Non seulement cet exercice marketing préparatoire au spectacle ne m’a aucunement convaincue de prendre des places pour venir le voir , mais je suis sortie de là extrêmement attristée . Par respect pour les artistes je ne dirais pas un mot de ce que j’en pense, mais je me suis sentie très loin , mais vraiment très loin de ce que personnellement j’attends d’une « création » puisque c’est le mot employé qui fasse rêver à l’Opéra de Paris. Je vais vite regarder les programmations à Londres au Bolshoï au Mariinsky et à Bucarest pour peupler la fin de ma saison . La nuit s’achève aussi pour moi d’une certaine manière et je le déplore .