À quinze jours de la première du Lac des Cygnes, un avant-goût du ballet était donné le samedi 28 février à l’amphithéâtre Bastille. L’occasion de découvrir le cygne de Sae Eun Park, aux côtés de Yannick Bittencourt (le prince Siegfried) et Jérémy Loup-Quer (Rothbart). Une répétition (très) dynamique encadrée par Benjamin Millepied et sous les conseils avisés d’Elisabeth Maurin.
C’est à une véritable séance de travail (plus qu’animée !) que les spectateurs de l’amphithéâtre Bastille ont pu assister hier après-midi. « Les danseurs n’ont jamais répété ensemble », précise en préambule le directeur de la danse. Sujet de la compagnie, Sae Eun Park est prévue le 9 avril aux côtés de François Alu. Yannick Bittencourt et Jérémy-Loup Quer, respectivement sujet et coryphée, sont pour le moment remplaçants. La répétition s’est ouverte avec le pas de trois de l’acte III du ballet.
Si certains journalistes interrogent souvent le nouveau directeur sur sa santé « physique », ils n’ont pas à s’inquiéter ! Benjamin Millepied s’est montré très impliqué , n’hésitant pas à intervenir et à corriger les danseurs sur des détails techniques et de partenariat, laissant parfois peu de place aux commentaires (si intéressants) d’Elisabeth Maurin, grande interprète du double rôle du cygne noir et du cygne blanc. La première partie de la répétition s’est concentrée sur l’entrée d’Odile et de Rothbart. « Odile arrive en terrain conquis. Tu as trop de ports de bras d’agitation. Cela met trop de doute. Au contraire, tu dois t’imposer « , indique la danseuse Etoile à Sae Eun Park. Elle insiste sur le travail du port de bras. En parallèle, Benjamin Millepied corrige les garçons, revenant sur la façon de Rothbart d’entrer en scène et sur la réaction du Prince quand il aperçoit le cygne noir. « Tu la voies, tu cours! », insiste le directeur (n’hésitant pas à donner de sa personne!). La suite de la répétition a porté sur des détails techniques, sur le travail du pas de deux, des bras, les regards, sur des intentions et la musicalité (pas encore en place). « Tu dois toujours te mettre à la place de la fille », rappelle Benjamin Millepied à Yannick Bittencourt. Elisabeth Maurin apporte de son côté des nuances, des éléments clefs pour l’interprétation. A Sae Eun Park, elle explique les intentions de Rudolf Noureev pour les arabesques. « Il y a toujours une direction.Ton regard doit se projeter dans la continuité de ton bras », décrit-elle. De son côté, Jérémy-Loup Quer doit, en plus, de travailler ses passages avec Odile, maîtriser sa cape. « Tu dois repérer tous les pièges possibles », lui confie discrètement Elisabeth Maurin.
La suite de la répétition s’est déroulée avec un extrait de l’acte II et de l’entrée d’Odette. Là, les deux répétiteurs se sont focalisés sur l’importance de la pantomime. Benjamin Millepied insiste sur le fait que tout le public doit comprendre ce que se disent les deux personnages (et pas seulement le public qui connaît le ballet). « Ce ne sont pas des ports de bras », corrige le directeur. Elisabeth Maurin donne des indications sur les gestes qui doivent être bien marqués, sur le mouvement des bras pour symboliser le lac et non le cygne par exemple.
On avait pu avoir un avant-goût du cygne noir de Sae Eun Park lors du concours de promotion en décembre dernier, son cygne noir semble encore timide et trop gentil. Pour autant, une fois la technique et bien intégrée, son interprétation devrait être intéressante. Son cygne blanc en revanche est plus que prometteur. Au final, ce fût une répétition très animée et pertinente, avec deux répétiteurs complémentaires, qui s’est déroulée dans une bonne ambiance et une pointe d’humour. On aurait encore presque aimé passer rester encore un peu pour écouter Elisabeth Maurin.
Force est de constater que l’exercice des « répétitions publiques » a l’air de bien plaire à Benjamin. Ce serait dommage de les arrêter l’an prochain. Espérons que ces rencontres, pour l’instant portées disparues dans la nouvelle brochure, referont leur apparition la saison prochaine !
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