Une des représentations ayant été annulée la semaine dernière, petit rattrapage à l’occasion de la matinée du 14 juillet avec la première distribution de l’Anatomie de la sensation. Quinze jours après la générale, nouvelle vision de la création de McGregor.
Comme le veut la tradition, la matinée du 14 juillet de l’Opéra de Paris se veut gratuite avec une entrée libre pour tous les spectateurs (dans la limite des places disponibles bien entendu). C’est ainsi que dès tôt le matin, les gens viennent faire la queue devant l’Opéra: « pour découvrir, parce que c’est gratuit, une sortie sympa entre amis… » Les avis sont partagés et les motivations diverses! C’est un comble, mais alors que l’Opéra a eu un certain mal à remplir les 2600 places de Bastille pour cette série, hier il y avait la queue pour la matinée mais tout le monde a pu rentrer. Pas d’affolement, ni de grosse bousculade à l’ouverture des portes, la salle s’est remplie tranquillement.
Depuis la générale, l’évolution des danseurs sur cette création est très nette: ils sont plus affirmés, plus à l’aise, et cela donne plus de profondeur au ballet, qui en devient plus intéressant. L’univers du peintre Francis Bacon, avec ces corps torturés qui s’emmêlent et se séparent, ressort. Les neufs mouvements qui composent cette création sont toujours aussi hétérogène, et plus ou moins intéressants.
Jérémie Bélingard et Mathias Heymann sont extraordinaires dans le premier mouvement, avec ce « pas de deux » qui paraît beaucoup moins lent, plus dynamique et plus profond. La ligne des corps dans certains portés est superbe, et ce due permet de voir ces deux danseurs sous toutes leurs coutures. Des premiers rangs du parterre, l’effet tableau avec les grandes toiles blanches derrière les danseurs est très réussi. Ce duo m’a encore plus intrigué et plus impressionné que lors de la générale. Beaucoup de bravos mérités pour ces deux danseurs. Le deuxième mouvement ne m’a toujours pas convaincu, trop plat, lent.. Marie-Agnès Gillot est peu mises en valeur. Le troisième mouvement semblait moins palpitant qu’au cours de la Générale, malgré la vivacité et le dynamisme des Dorothée Gilbert, Jérémie Bélingard et Mathias Heymann. Dommage que Laurène Lévy ne soit plus en scène, Amandine Albisson s’en sort bien mais Laurène Lévy avait ce petit quelque chose en plus! Au contraire, le quatrième mouvement est plus intriguant: bien construit, il voit la confrontation des couples M-A Gillot/Audric Bézard face aux Alice Renavand/Josua Hoffalt. Le cinquième mouvement voit la consécration de Simon Valastro, ce mouvement est presque fait pour lui!, le danseur virevolte dans les bras de Myriam Ould Braham, tandis que Dorothée Gilbert et Amandine Albisson se déhanchent au son de la musique très jazz.
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Mathias Heymann, Aurélie Dupont, Jérémie Bélingard, M-A Gillot |
Le sixième mouvement, réunissant Aurélie Dupont et Jérémie Bélingard, est moins long. La danseuse étoile semble tout de même moins à l’aise dans le style McGregor que son partenaire (très sexy!)
Le septième mouvement, dédié au corps de ballet, met toujours en avant la danseuse Eléonore Guérineau, radieuse et qui arrive à masquer les autres autour d’ell, ainsi que le danseur Allister Madin, très appliqué et impliqué. Le huitième mouvement est toujours aussi bien mené par Alice Renavand et Josua Hoffalt: la mise en scène et les jeux de lumière mis en place pour ce duo sont particulièrement réussis. (dommage qu’un jeune enfant se soit mis à pleurer au tout début). Il est dommage que le dernier mouvement, réunissant tous les danseurs en scène, soit si long: de bonnes idées, des mouvements intéressants, mais ce final reste trop lent et manque de dynamisme. Peu à peu, les danseurs quittent la scène, laissant les toiles vides. Seuls les deux danseurs qui ont ouvert la pièce reste en scène. Les lumières s’éteignent finalement sur le corps de Jérémie Bélingard.
Une création, qui n’a pas fait l’unanimité et qui a eu du mal à remplir la salle de Bastille. Malgré tout, le public avait l’air plutôt satisfait hier, récompensant les danseurs par de nombreux bravos. Une création, peut-être un peu longue, mais avec tout de même de bonnes idées! Le duo Bélingard/Heymann reste l’un des moments les plus forts de la pièce. McGregor étant un chorégraphe plus à l’aise avec des chorégraphies plus courtes dans le temps( Genius, Infra...), n’aurait-il pas été judicieux de créer deux ballets plus court plutôt qu’un (un peu trop) long?
Deux distributions étaient à l’affiche sur cette Anatomie, des comptes-rendus de cette deuxième distribution sont à lire sur d’autres blogs et forums.
Ce soir, dernières représentations de l’Anatomie de la Sensation et des Enfants du paradis, avec les adieux officiels à la scène de José Martinez.
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