Bande annonce alléchante et intriguante, affiches qui tapent à l’oeil, critiques enthousiastes et comptes-rendus plutôt flatteurs sur d’autres blogs…Black Swan, du cinéaste Darren Aronofsky (Requiem for a Dream, The Wrestler…) est sortie le 9 février dernier et est actuellement à la tête du Box office, le film était assez attendu et fait un tabac! Avec ses 5 nominations aux Oscars, le Golden Globes de la meilleure actrice pour Nathalie Portman, le premier prix de la Mostra de Venise… l’envie et la necessité de passer par la case ciné se sont rapidement imposées. 

Tout d’abord, petit rappel concis et succint du synopsis. Les choses vont mal pour le New York City ballet, une des plus célèbres compagnie de New York, les habitués désertent les salles de spectacle. Le maître de ballet, Thomas Leroy, pour réveiller l’engouement des spectateurs, décide de monter une nouvelle production du Lac des Cygnes dans une version novatrice. Pour éveiller la curiosité, il choisit de mettre en avant une jeune soliste pour incarner le rôle de la Reine des Cygnes: Nina. Mais cette dernière, plus à l’aise dans le cygne blanc que dans le cygne noir, qui va sombrer peu à peu dans la folie.

Pour son film, Darren Aronofsky a fait appel à un cast « de luxe », assez impressionnant et convaincant: avec Nathalie Portman dans le rôle de Nina Seyers, jeune soliste de la compagnie choisie par le maître de ballet français, Thomas Leroy, incarné par Vincent Cassel, pour danser la reine des Cygnes dans la nouvelle production du Lac des Cygnes. Mais, une nouvelle recrue, la jeune et sensuelle Lily, campée par Mila Kunis, jugée comme l’incarnation idéale du cygne noir vient troubler les répétitions, mais surtout l’esprit quelque peu agité de Nina.

A ceux qui s’attendent ou s’attendaient à un film « documentaire » sur la danse et son univers, ils se trompent ou se trompaient. Certes, l’histoire se déroule dans l’univers de la danse, au sein du New York City Ballet, mais c’est surtout un film axé sur la psychologie, mais dire que ce se film serait essentiellement basé sur la schizophrénie serait un peu réducteur. Le film s’apparente plutôt à une réflexion sur le rapport d’un artiste avec le rôle qu’il prépare et interprète, jusqu’à quel point doit-il s’investir dans son personnage, peut-il finir par être possédé par ce dernier? et perdre son identité? C’est cette reflexion que le réalisateur propose. La danse sert néanmoins de support principal. Un support plus qu’intéressant, puisque le réalisateur et les scénaristes se sont appuyés sur le double rôle du cygne noir et du cygne blanc: rôle mythique du ballet classique, rôle que rêve de danser toute ballerine. Un appui très intéressant puisque dans la majorité des relectures du Lac des Cygnes, les chorégraphes se sont concentrés sur le rôle du prince: sa psychologie et son identité sexuelle. Ici, c’est le double rôle du cygne blanc et du cygne noir qui est à l’honneur et qui constitue le fil conducteur. La jeune Nina, décrite comme l’incarnation parfaite du cygne blanc: craintive, fragile… doit apprendre « à vivre » pour trouver en elle des éléments qui l’aideront à libérer son côté séducteur pour incarner le cygne noir, l’opposé du cygne blanc.

L’héroïne du film, c’est Nathalie Portman. D’une part parce qu’elle joue le rôle de Nina Seyers, la jeune soliste de la compagnie propulsée au devant de la scène, mais d’autre part parce qu’elle est tout simplement magistrale! Eblouissante en tant qu’actrice et plus que convaincante en danseuse classique, (elle a travaillé dur pour arriver à avoir ce corps de danseuse), elle est bluffante! Elle est superbe lorsqu’elle interprète la Nina, si juvénile et innocente au départ, incarnation parfaite du cygne blanc, qui peu à peu se perd entre son identité et celle du cygne noir, rôle qu’elle s’acharne à travailler et qui va la perdre dans des hallucinations de plus en plus fréquentes, et de plus en plus troublantes. L’héroïne tombe petit à petit dans la psychose, et dans la paranoïa, l’héroïne se sent constamment menacée par sa rivale Lily… Elle se dédouble peut à peu entre les personnages du cygne blanc et du cygne noir. Nathalie Portman est grandiose dans ces scènes hallucinantes, dans lesquelles son personnage délire complètement. Dès le début du film, quelques petits indices montrent les tendances du personnage à « dédoubler » sa personnalité: lorsqu’elle s’aperçoit dans le corps d’un autre dans le métro. L’héroïne se retrouve pris au piège entre une mère (trop) protectrice qui tente de la maintenir « petite fille  » et un maître de ballet, un peu ambigu, qui la pousse à vivre et à se lâcher mais surtout à grandir, un outils indispensable selon lui pour une interprétation réussie.
Dans les autres rôles, on peut saluer la belle performance de Mila Kunis dans le rôle de Lily, qui incarne parfaitement cette jeune fille libérée qui croque la vie à pleines dents. Mais aussi, Vincent Cassel, imposant, sournois, qui incarne Thomas Leroy. Benjamin Millepied, danseur et chorégraphe du New-York City apparaît même dans le film dans le rôle du prince.

Côté danse, le risque de tomber dans les clichés était élevé pour Aronofsky, cependant, le réalisateur s’en est bien sorti et les clichés sont assez minimisés. Oui, il y a des gros plans sur les pieds blessés, oui l’on voit Nina se faire vomir et peu manger (refuser à un bon gâteau par exemple), mais au fur et à mesure que la folie s’empare de son esprit, ne seraient-ce pas les frayeurs des hallucinations de la danseuse qui la rendent malade? La rigueur et la dureté de l’école classique sont bien montrés, le besoin de d’étirer, le travail continu sur son corps, l’analyse de son reflet dans le miroir, la rivalité dans une troupe, un entourage très (ici vraiment trop) protecteur… Oui, l’on voit l’envers du décor et la difficulté de ce métier est bien mise en avant, la discipline de fer infligée par une danseuse à son corps, la mère protectrice (avec un côté plus qu’exagéré dans le film). Les clichés sont bien traités, et ma foi pas si dérangeant. Certes, tout n’est pas rose dans la vie d’une ballerine, mais tout n’est pas noir non plus. Il faut relativiser.

Côté chorégraphie, c’est un peu moins palpitant. Mais finalement, c’est plus l’évolution du personnage que l’on suit plutôt que la chorégraphie en elle-même. Les scènes de danse ne sont également pas vraiment bien mises en valeur. Cependant, la coda du cygne noir reste un grand moment du film.
La bande originale s’inspire principalement de la célèbre musique de Tchaïkovsky, accompagnés d’autres morceaux plus récents (The chemical Brothers). Les thèmes musicaux du ballet sont d’ailleurs en accord avec l’évolution du personnage.
 Le pari est réussi pour Aronofsky. Tandis que tout au long du film, le personnage de Nina s’enterre dans sa folie, le réalisateur arrive à perdre le spectateur: celui-ci est sans cesse dans la confusion ne sachant plus à quel instant il se retrouve dans les hallucinations de Nina, dans sa folie ou dans la réalité? Certaines scènes restent confuses: ce sont-elles vraiment réalisées ou non? (notamment les scènes avec Lily) Le spectateur est constamment déstabilisé. 
Etourdissant, bousculant, intense, renversant, troublant … de nombreux adjectifs peuvent définir ce film que l’on peut qualifier de chez d’oeuvre.La dernière partie du film, est saisissante et tient le spectateur en haleine. Tout simplement grandiose. 
It was perfect
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