Après un long moment, il était temps de retrouver les sièges en velours rouge du Palais Garnier. Ce mercredi 6 novembre avait lieu le concours de promotion des danseuses du corps de ballet. Que retenir de cette journée ? Du Lifar, des promotions satisfaisantes, d’autres plus surprenantes. Des imposées difficiles à passer (en particulier chez les Sujets et Coryphées) et des danseuses, qui, pour la plupart, ne semblaient pas toujours au meilleur de leur forme. Voici quelques impressions.

Quadrilles

Commençons par la classe des quadrilles, je me réjouis de la promotion de Célia Drouy, déjà remarquée alors qu’elle était à l’Ecole de danse, et qui, jusqu’à présent, ne s’était pas montrée à l’aise dans l’exercice du concours de promotion. Cette danseuse s’est distinguée dans l’imposée (Variations de Lifar) et s’est montrée musicale dans la variation de Dulcinée (Don Quichotte – Noureev). Clémence Gross est également promue. La danseuse a eu de l’audace en présentant Dogs Sleep de Marco Goecke, une façon de mettre en avant sa personnalité. Enfin Hohyun Kang, déjà remarquée lors des concours précédents, se classe première des quadrilles. Une danseuse avec de la présence et du style. Bleuenn Battistoni n’a pas démérité en Juliette et dans son imposée. Merci également à Ambre Chiarcosso, qui nous a fait passer un joli moment, dans la variation extraite de la Nuit de Walpurgis de Balanchine. 

Coryphées

Du côté des Coryphées, le passage de la variation imposée (toujours extrait de Variations de Lifar) s’est avéré (très) compliqué. Les danseuses ont eu des accrochages, aux mêmes endroits et se sont montrés bien plus à l’aise dans leur libre, sans pour autant qu’aucune ne se démarque vraiment. Letizia Galloni accède (enfin) à la classe supérieure. La danseuse stagnait depuis trop longtemps à ce niveau de la hiérarchie. Caroline Osmont, après une variation réussie de la danseuse en vert de Robbins, est également promue. Tout comme Naïs Duboscq, après une variation de Dulcinée de Don Quichotte. Dommage pour Camille Bon, dont le cygne blanc n’a pas pleinement convaincu. Katherine Higgins (qui ne semble pas dans les « standards ONP »)a fait une belle démonstration de sa technique dans la variation du Corsaire d’après Marius Petipa.

Sujets

Le concours des sujets est toujours le moment le plus stressant de la journée. L’an dernier, les danseuses paraissaient comme libérées en scène. C’était tout autre chose cet après-midi. Étonnamment, la variation du cygne blanc  (acte II du lac des Cygnes – version Noureev) a posé quelques difficultés : descentes de pointes, équilibres non tenus… Ce qui interroge après le passage des Coryphées le matin. Est-ce une conséquence de la programmation, de plus en plus contemporaine ? Mis à part un ou deux classiques dans l’année, le concours de promotion est depuis quelques années le seul moment où les danseuses du corps de ballet sont sur pointes. Et surtout, les « Sujets », que l’on avait plaisir à voir évoluer dans des rôles de demi-solistes (voire même de solistes sur certaines matinées) ont beaucoup moins d’opportunités aujourd’hui. 

Pour ma part, Éléonore Guérineau s’est clairement démarquée cet après-midi. La danseuse a su allier artistique et technique et rendre son cygne blanc émouvant, dévoilant un beau travail de bras. Nul doute que son année sabbatique et son expérience de soliste au ballet de Zurich y sont pour beaucoup. Elle a également sur interpréter sa variation libre (Other Dances) avec beaucoup de style. Et encore une fois, on ne peut être que déçus de son classement (quatrième place). 

Idem pour Bianca Scudamore, qui aurait mérité mieux qu’une cinquième place. Il faut dire que les regards étaient tournés vers cette danseuse à la progression éclair dans la hiérarchie. Son concours était très propre, moins au-dessus du lot que les autres années, mais sans fausse note et techniquement parfait. Il lui manque finalement plus d’expérience et qu’on lui donne plus de classique à danser. Son heure devrait néanmoins venir (en espérant qu’on ne la fasse pas trop attendre). 

Un classement donc qui ne reflète pas (à mon sens) les prestations de cet après-midi. Le jury a préféré Silvia Saint-Martin. Une belle danseuse, qui a déjà eu l’occasion de se confronter à des rôles de soliste (Cendrillon, Joyaux), mais qui n’a pas fait l’unanimité aujourd’hui. Petite déception pour Roxane Stojanov, dont le cygne blanc était prometteur, mais qui a connu quelques accrocs. Elle arrive à la deuxième place. Marine Ganio avait de son côté choisi Roland Petit et la variation de Marie dans Clavigo : un beau moment d’interprétation. Sans oublier Charline Giezendanner et l’efficace variation du Tchaïkovsky pas de de deux de Balanchine.

Avant de conclure, encore un immense bravo à toutes les danseuses en scène aujourd’hui ! Et toi toi toi aux garçons pour vendredi !