Retour à l’Opéra Bastille, dimanche 11 décembre pour la matinée rêve d’enfants avec une nouvelle représentation du Lac des Cygnes. La distribution réunissait cette fois-ci Amandine Albisson en Odette/Odile, Mathieu Ganio en Siegfried et François Alu dans le rôle du méchant Rothbart.
Blessée il y a deux ans, Amandine Albisson interprétait pour la première fois le double rôle du cygne noir et du cygne blanc. Son partenaire, Mathieu Ganio n’avait pas dansé le rôle du Prince lors de la dernière reprise car il participait à la création de Neumeier (Le Chant de la terre). Depuis quelque temps déjà, les deux étoiles sont souvent associées (Roméo et Juliette, Other Dances), sans pour autant que l’alchimie soit au rendez-vous et qu’il se passe quelque chose de fort en scène. Nouvel essai avec le Lac des cygnes.

Amandine Albisson et Mathieu Ganio

Amandine Albisson et Mathieu Ganio

De par son physique, Mathieu Ganio incarne le Siegfried idéal. Il a naturellement cette élégance princière, qui est renforcée par sa danse noble. Superbe, le danseur s’est une fois de plus illustré dans le rôle et nous a offert de très belles variations aux actes 2 et 3, ainsi qu’une variation lente déliée et toute en nuances au premier acte. La confrontation avec François Alu, le Rothbart du jour, était très intéressante. Ce dernier a su composer un personnage troublant et pertinent. Le face à face entre le prince et Rothbart en était encore plus captivant, rendant encore plus lisible l’argument tel que Rudolf Noureev l’a revisité et chorégraphié en replaçant le Prince au centre de l’action. Il se passait encore quelque chose de plus entre les deux protagonistes par rapport au face à face de la veille (Heymann-Paquette). Très présent tout au long du ballet, François Alu s’est ensuite illustré dans le pas de trois entre Siegfried/Odile et Rothbart et dans la fameuse variation où il a fait une démonstration de virtuosité (et quels sauts!). « Il vole ! »,  s’est exclamé un enfant dans la salle.
Si le cygne blanc d’Amandine Albisson m’a moins emballée et me paraissait raide au niveau du haut du corps, j’ai en revanche beaucoup aimé son cygne noir. Amandine Albisson a incarné une Odile sûre d’elle, aussi séductrice que vénéneuse. Sur le plan technique, la danseuse a réussi une très belle variation avec de beaux tours attitudes avant d’enchaîner sur la coda et les célèbres fouettés. En revanche, l’osmose entre Odette et son partenaire était moins flagrante que la veille, même si le pas de trois Odile/Siegried/Rothbart a plutôt bien fonctionné au troisième acte.

Une fois encore, il faut souligner le travail du corps de ballet, qui nous a offert des tableaux magnifiques. Les actes 2 et 4 sont réellement des chefs d’œuvre et les ensembles sont impeccablement réglés. Dans les divertissements du troisième acte 3, c’était un plaisir de revoir sur scène Sarah Kora Dayanova et son énergie communicative dans la danse espagnole. Le public, majoritairement composé d’enfants, semblait ravi(au vu des nombreux applaudissements tout au long du ballet), et s’est laissé plonger dans la féérie du Lac. Au final, cette distribution est moins équilibrée que le trio Ould Braham/Heymann/Paquette mais où l’on retiendra l’association des deux danseurs principaux et le pas de trois du troisième acte.

A noter que Mathieu Ganio troquera le costume du Prince pour celui de Rothbart en fin de série. Il dansera aux côtés de Germain Louvet (Siegfried) et de Lumidla Pagliero (Odette/Odile) .

François Alu

François Alu

Si vous ne pouvez pas les voir (ou tout simplement pour les revoir…), cette distribution a été filmée le 8 décembre. Le replay est disponible sur le site Medici.tv pendant un mois.