Quatrième (et pour ma part dernière) Giselle ce vendredi 10 juin avec une distribution très attendue. Sur la scène, retrouvailles avec le couple formé par Myriam Ould-Braham (Giselle) et Mathias Heymann (Albrecht). C’est dans La fille mal Gardée de Frédérick Ashton, lors de l’entrée au répertoire en 2007, que j’ai découvert Mathias Heymann (encore sujet à l’époque!) et Myriam Ould Braham (encore Première Danseuse). Tous les deux m’avaient touchée par leur fraîcheur et leur complicité. Il me tardait donc de les découvrir dans Giselle.

Souffrante en début de série, Myriam Ould Braham n’a pu assurer ses représentations prévues avec Mathieu Ganio. Fort heureusement, ses spectacles avec Mathias ont bien été maintenus, et c’est avec plaisir que l’on découvre sa Giselle spontanée et fraîche, touchante aussi, et naïve comme le veut le personnage. La danseuse est pleine d’attention pour son Albrecht : regards en coins, tendres sourires, baisers volés… Ce qui attire l’attention chez Myriam Ould Braham, ce sont ses ports de bras, d’une telle grâce… La scène de la folie est émouvante. Le regard de la frêle Giselle est de plus en plus lointain et l’on sent qu’elle perd peu à peu la raison. Cela se lit sur son visage et dans ses yeux embués de larmes.

L’alchimie avec Mathias Heymann fonctionne parfaitement. Fraîchement revenu de New-York où il était invité pour danser Le Corsaire avec l’American Ballet Theatre, le danseur Etoile compose un bel Albrecht. Il s’amuse au départ avec sa Giselle, on le voit bien embêté lorsque celle-ci lui montre la médaille que Bathilde lui a offert, avant de prendre subitement conscience du mal qu’il a fait lorsque Giselle perd la raison suite aux révélations d’Hilarion. Un Hilarion campé (à nouveau) par Vincent Chaillet, de plus en plus convaincant dans le rôle et à la pantomime de plus en plus claire et lisible. Le pas de deux des paysans est un joyeux divertissement avec la jolie ballerine Lydie Vareilhes et François Alu, qui aura finalement assuré les trois-quarts de la série dans ce rôle. Le danseur s’élève toujours aussi haut dans les airs avec une aisance déconcertante et des réceptions toujours aussi propres et moelleuses.

Myriam Ould Braham, Mathias Heymann et Héloïse Bourdon

Myriam Ould Braham, Mathias Heymann et Héloïse Bourdon

Après l’entracte, le deuxième acte est toujours un enchantement. Héloïse Bourdon, qu’il me tardait de découvrir en Myrtha, est une reine des Willis impériale. Cette ballerine si douce se métamorphose en reine implacable, autoritaire et sans pitié pour ces pauvres Hilarion et Albrecht. Une très belle prestation. Mais celle qui attire tous les regards, c’est la Giselle-Willi de Myriam Ould Braham avec son allure éthérée et si gracile, son teint diaphane et ses bras si évanescents. Ballerine romantique par excellence, l’Étoile semble rester en apesanteur lorsqu’elle s’élève sur ses pointes, et quels piétinés! Mathias Heymann est toujours aussi aérien, et c’est toujours un plaisir de voir ses sauts et ses réceptions toujours aussi propres. Son Albrecht est émouvant lorsqu’il arrive sur la tombe de Giselle. L’alchimie entre les deux danseurs est forte. Leur adage est touchant et émouvant. Une magnifique représentation, avec un couple principal qui touche le sublime, appuyé par un beau corps de ballet. De quoi finir en beauté cette série de Giselle !

Myriam Ould Braham

Myriam Ould Braham

Les Willis

Les Willis