Le Lac des Cygnes de Noureev est à l’affiche à l’Opéra Bastille depuis le 11 mars. Attendue, la deuxième représentation de la série voyait trois prises de rôle : celle de Josua Hoffalt en Siegfried, de Florimond Lorieux en Rothbart, mais surtout… les premiers pas d’Héloïse Bourdon dans le double rôle du cygne blanc et du cygne noir.
Héloïse Bourdon, Josua Hoffalt et Florimond Lorieux |
S’il y avait une distribution à ne pas manquer sur cette série du Lac, c’est bien celle avec Héloise Bourdon. La jeune danseuse (encore sujet dans la compagnie) avait déjà enthousiasmé le public de Bastille en incarnant Nikiya lors de la dernière reprise de la Bayadère en 2012. Sa variation du cygne noir lors du concours de promotion en décembre dernier avait également donné un bel avant-goût quelques mois avant cette reprise du Lac. Samedi soir, Héloïse Bourdon a régné sur la scène de Bastille avec une Odette majestueuse et une Odile vénéneuse à souhait, éclipsant presque ses partenaires qui n’ont pourtant pas démérités!
Pourtant, cette représentation du Lac avait commencé doucement… Palais tristounet, une valse un peu terne et des ensembles confus, les longueurs du premier acte se sont faits sentir. À ce propos, qu’est-il arrivé aux costumes? Ces effets délavés ne mettent pas en valeur les danseurs et leurs formes semblent les gêner dans leurs mouvements. Le pas de trois qui réunit Fanny Gorse, Hannah O’Neill et Germain Louvet, y apporte un peu de légèreté. Sans surprise, Hannah O’Neill sort nettement du lot. Germain Louvet est également à son avantage. Le danseur, malgré quelques approximations, possède une belle technique, une certaine élégance et sait mettre en valeur des partenaires.
Sur son fauteuil, Siegfried est songeur. Josua Hoffalt campe un prince en retrait, sous la coupe de Rothbard, le précepteur amoureux (comme le veut la version Noureev), incarné par Florimond Lorieux. Le premier acte se conclut sur le pas de deux entre les deux protagonistes avant que le prince ne parte dans ses songes, près d’un certain lac.
Changement d’ambiance au deuxième acte. C’est un cygne blanc majestueux qui s’impose sur la grande scène de Bastille. Du travail des bras, si fins et délicats, à l’interprétation subtile, Héloïse Boudon campe une Odette, fragile et féminine. Musicale, elle reste en équilibre, comme suspendue dans les airs. L’adage est touchant et émouvant, les deux partenaires s’accordant parfaitement. Un pur moment de poésie. Un régal pour les yeux.
Autour d’eux, les ensembles des cygnes formés par le corps de ballet féminin sont réglés au millimètre près et font toujours leur effet. On a envie d’être à la fois perché au second balcon pour apprécier la précision des lignes, et bien installé au premier rang pour observer les expressions des solistes de près. Si les quatre petits cygnes ne sont pas totalement synchronisés, les quatre grands cygnes font belle impression, avec notamment le beau cygne de Letizia Galloni.
Retour au Palais pour les fiançailles du Prince. Les danses de caractère qui ouvrent le troisième acte sont un peu longues. Même si dans la danse espagnole, les danseurs (Stéphanie Romberg, Émilie Hasboun, Hugo Marchand et Julien Meyzindi) s’investissent beaucoup. Le passage des fiancées est l’occasion de mettre en avant des quadrilles de la compagnie. On retrouve notamment les lumineuses Amélie Joannides, Roxane Stojanov ou encore Clemence Gross.
L’un des grands moments de cet acte est sans aucun doute le pas de trois réunissant Rothbart, Siegfried et Odile, le cygne noir. Dès son entrée en scène, Héloïse Bourdon arrive en conquérante. Elle est piquante séductrice et vénéneuse. Le pas de trois est bien mené, le pauvre Siegfried complètement berné. Florimond Lorieux a réalisé un beau travail de composition de son personnage machiavélique, jouant l’ambiguïté dans ses rapports avec le prince tout en manipulant complètement Odile. Sa variation dévoile sa technique affûtée et précise. La coda est entraînante, avec les belles élévations de Josua Hoffalt et les fouettés impeccables d’Héloïse Bourdon.
Moment de grâce ultime, le dernier acte du ballet et son final font partie des versions les plus réussies du Lac. Après avoir profité des beaux ensembles, d’un dernier pas de deux entre Odette et Siegfried, on retrouve une dernière fois le trio, avec une Héloïse, cygne blanc jusqu’au bout des ongles jusqu’à l’affrontement final entre Siegfried et Rothbart. Ce dernier prenant l’ascendant sur le Prince. À la fin c’est une ovation qui est réservée aux artistes. Une prise de rôle plus que réussie pour Héloïse Bourdon, de beaux débuts également pour Florimond Lorieux et Josua Hoffalt.
Ces trois danseurs danseront à nouveau les rôles titres les 17, 19 et 27 mars (sous réserve de modification).
A lire sur le même sujet
17 mars 2015 at 0 h 05 min
Divine Héloïse Bourdon …. !
18 mars 2015 at 2 h 35 min
Ce soir encore Héloïse Bourdon a été bouleversante à pleurer dans les rôle odile /odette Ce Lac est "son" Lac, qu'elle hisse par son interprétation et sa technique incroyable à un niveau international, c'est admirable et un cadeau pour l'opéra de paris.
19 mars 2015 at 0 h 43 min
ATTENTION : Trio Dangereux ! Hoffalt /Bourdon /Paquette dans le Lac des Cygnes
On ressort de l'Opéra Bastille littéralement ENVOUTÉ et le QI émotionnel en prend un sacré coup. C'est le plus beau spectacle en ce moment à Paris avec des interprètes hors normes. Merci Benjamin Millepied.
26 mars 2015 at 22 h 47 min
Oui, ce rôle lui va à merveille ! Elle m'a bluffée en cygne noir.
Et son interprétation a dû s'affiner au fil des représentations
26 mars 2015 at 22 h 48 min
Je suis d'accord avec vous, cela fait du bien de voir des spectacles d'un tel niveau, et de plonger dans ce lac du début à la fin !
26 mars 2015 at 22 h 48 min
🙂
3 avril 2015 at 12 h 25 min
Soirée du 2 avril avec un trio de luxe pour un public acquis d'avance à l'ensorcellement . Héloïse Bourdon campe une Odette /Odile époustouflante aux côté d'un Jossua Hoffalt brillant, majestueux et attentif. Que dire du partenariat avec Karl Paquette , si ce n'est que la complicité avec Odile, vibrante de nuances et de complicité perverse, fascine le spectateur. L'acte IV es un modèle du genre, le couple Bourdon/ Hoffalt est virtuose et impose à une salle en extase un silence religieux où la poésie domine à chaque pas. Mademoiselle Bourdon déploie un talent incomparable dans ce registre romantique qui va au delà de la danse. Elle est l'incarnation même de l'oiseau merveilleux dont on partage le destin tragique. La sublime chorégraphie de Noureev , la musique et l'interprétation ne font qu'un. Mademoiselle Bourdon envahit la scène et nous raconte une histoire passionnante et déchirante à la fois, qui nous transporte dans un monde magique. Le public est suspendu à sa danse céleste. Son jeu est tour à tour subtil, raffiné, élégant, sensuel, voluptueux, féminin et animal. Elle entre dans la légende des plus beau Cygnes jamais campés.
12 avril 2015 at 17 h 03 min
Retrouvez Héloise Bourdon sur sa page facebook https://www.facebook.com/pages/H%C3%A9lo%C3%AFse-Bourdon/1554233328176133?fref=ts
12 avril 2015 at 17 h 03 min
Retrouvez l'actualité d'Héloise Bourdon sur sa page facebook : https://www.facebook.com/pages/H%C3%A9lo%C3%AFse-Bourdon/1554233328176133?fref=ts
15 avril 2015 at 7 h 38 min
Il y aura eu Bourdon et … les autres